Rencontre avec Baha, jeune msaharati de Jérusalem

Pendant deux ans, j’ai vécu au coeur de la vieille ville de Jérusalem. Une expérience unique qui m’a permis de découvrir de nombreuses traditions palestiniennes. A l’image des msaharatis, ces hommes qui réveillent les habitants pendant le Ramadan pour qu’ils prennent leur dernier repas avant le lever du soleil. J’ai eu envie de suivre l’un d’entre eux pendant ses tournées nocturnes et d’écrire un article sur cette pratique que l’on retrouve dans tout le Moyen-Orient. L’article original, en anglais, a été publié en juillet 2015 sur le site Your Middle East.

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Baha et son camarade dans les rues décorées du quartier de Bab Hutta. Pendant le Ramadan, les quartiers musulmans de la vieille ville sont décorés de guirlandes lumineuses et de lanternes. ©Nora Schweitzer

Pour rencontrer Baha, il faut se lever très tôt… Ou faire une nuit blanche pour les plus courageux! Il est 2h40 du matin, nous sommes en plein Ramadan dans le quartier de Bab Hutta, au cœur de la vieille ville de Jérusalem. Comme toutes les nuits du mois sacré, Baha se prépare pour sa tournée dans les rues décorées de ce quartier musulman, situé à quelques pas du célèbre Dôme du Rocher.

Baha est un jeune msaharati de 22 ans. Ce mot arabe désigne la profession ancestrale qui consiste à réveiller les musulmans durant les nuits de Ramadan afin qu’ils prennent le repas de shour, dernier repas avant le lever du jour et le début du jeûne. Vêtu d’un seroual (pantalon ample) et d’un keffieh (foulard traditionnel palestinien), Baha fait le tour du quartier en récitant le répertoire traditionnel des msaharati. Il accompagne ses chants avec des percussions jouées au daf, un grand tambour sans anneaux.

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Baha et son camarade portent le keffieh, le foulard traditionnel palestinien, une manière pour eux de défendre leur patrimoine culturel. ©Nora Schweitzer

Très vite, Baha est accompagné par des enfants enjoués qui le suivent dans sa tournée. A son passage, certains habitants sortent sur le palier de leur maison et lui offrent friandises et rafraîchissements. Tout le monde connaît Baha, qui est msaharati depuis l’âge de 15 ans.

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Les discussions autour d’un verre de carcadé (boisson à base de fleurs d’hibiscus) ou de loz (boisson rafraîchissante à l’amande) se poursuivent tard dans la nuit. ©Nora Schweitzer

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Certains enfants suivent Baha pendant toute sa tournée. Le Ramadan ayant actuellement lieu en été, les enfants sont en vacances et veillent comme les adultes. © Nora Schweitzer

Quand on lui demande pourquoi il a fait le choix d’être msaharati, Baha répond : « En tant que Palestinien de Jérusalem, je souhaite contribuer à la préservation de notre patrimoine et de notre héritage culturel. Les msaharati font partie des traditions du Ramadan dans la vieille ville de Jérusalem et j’espère transmettre cette tradition aux générations futures ».

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Il est 3h26 du matin, les enfants éveillés accueillent Baha devant chez eux. ©Nora Schweitzer

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