Samidoun, les résistants du quotidien

Le projet « Samidoun, les résistants du quotidien » raconte le quotidien de cinq Palestiniens de Jérusalem-est et de Cisjordanie qui résistent, chacun à leur manière, à l’occupation israélienne.

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L’idée du projet est de redonner des noms et des visages aux Palestiniens en partant à la rencontre de cinq personnes, des « Monsieur et Madame tout le monde », et de s’intéresser à leur vie de tous les jours, aux difficultés qu’ils rencontrent du fait de l’occupation israélienne et à la manière dont ils y résistent jour après jour.

Il y a par exemple Nariman Tamimi, mère de famille et habitante d’un petit village de Cisjordanie, qui manifeste tous les vendredis avec son mari et ses enfants pour protester contre l’occupation. Il y a aussi Mohannad Abdeen, vendeur dans une petite boutique de Jérusalem-est, dont la maison a été détruite par les autorités israéliennes et qui en a reconstruit une nouvelle sur les ruines de la première. Ou encore Omar Hajajlah, paysan et père de 3 garçons, habitant d’un village près de Jérusalem où le mur de séparation est en construction. Il s’est battu contre les autorités israéliennes qui voulaient détruire sa maison et confisquer ses terres pour y faire passer le mur.

Chacun d’eux mène son combat quotidien face à l’occupation israélienne en Palestine. Pour cela, ils n’ont pour seule arme que leur détermination et leur ténacité. C’est pourquoi j’ai choisi de nommer ces personnes les « Samidoun ». Ce terme vient de l’arabe « soumoud » qui signifie « détermination, ténacité, volonté ». C’est le mot qu’utilisent les Palestiniens en parlant d’eux-mêmes lorsqu’ils veulent dire qu’ils ne bougeront pas et n’abandonneront jamais (« Nahnou samidoun »).

J’ai rencontré chacune de ces personnes lors de mon séjour de deux ans et demi à Jérusalem, de 2012 à 2014. Je travaillais alors comme attachée de presse au Consulat général de France et j’avais l’occasion de faire de nombreux déplacements sur le terrain. C’est de ces rencontres que m’est venue l’idée de ce projet.

J’ai choisi de parler de ces personnes pour le message d’espoir qu’elles portent en elles à travers leur ténacité. Tous m’ont profondément marquée par leur optimisme et par leur immense espoir d’avoir un jour une vie meilleure. C’est donc aussi pour leur rendre hommage que je tiens à raconter leurs vies. A travers ces photos, je souhaite aussi rendre un hommage particulier à Hashem Al-Azzeh, militant pacifique d’Hébron, décédé six mois après la réalisation de ce reportage.

Dans le projet, chaque personne est présentée à travers une série d’une dizaine de photos et d’un texte racontant sa vie quotidienne. Ces textes et photos peuvent faire l’objet d’une exposition ou d’une projection-débat. Voici ci-dessous quelques extraits.

 

Nariman Tamimi

Nariman Tamimi habite le village de Nabi Saleh en Cisjordanie occupée. Tous les vendredis, elle manifeste avec son mari et ses quatre enfants contre l’occupation israélienne, la colonisation et la confiscation des terres du village. Toujours en tête de cortège, Nariman est une figure de la résistance populaire pacifique en Palestine.

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Nariman Tamimi pendant la manifestation du vendredi © Nora Schweitzer

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Waad, le fils de Nariman (au centre), participe activement à la manifestation © Nora Schweitzer

Hashem Al-Azzeh

Hashem Al-Azzeh habitait avec sa femme et ses quatre enfants à Hébron, dans le sud de la Cisjordanie. Sa maison se trouve dans le quartier de Tel Rumeida, au cœur de la zone H2, une partie de la ville entièrement sous contrôle israélien. Dans cette zone vivent environ 500 colons et quelque 2000 soldats israéliens. Les autorités israéliennes imposent de nombreuses restrictions aux Palestiniens de ces quartiers. Ainsi, Hashem ne pouvait pas accéder à sa maison sans passer plusieurs checkpoints de l’armée. Il devait parfois attendre des heures avant qu’un soldat ne l’autorise à accéder à sa rue. Certaines rues et trottoirs lui étaient interdits car réservés uniquement aux colons.

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Hashem en train de passer un checkpoint © Nora Schweitzer

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Hashem dans son jardin truffé de barbelés © Nora Schweitzer

Samira Brash

Samira habite un petit appartement dans le camp de réfugiés d’Al Amari, près de Ramallah. Mère de neuf enfants, sa vie est à l’image de celle de nombreuses femmes palestiniennes. Samira est mère de martyr et mère de prisonniers. Elle a perdu son fils Saber pendant la 2ème Intifada alors qu’il n’était qu’adolescent. Aujourd’hui, deux de ses fils, Mohammed et Ramzi, sont en prison depuis des années. Son quotidien se partage entre les rares visites autorisées et les sit-in de familles de prisonniers où elle se rend chaque semaine avec les photos de ses fils. Un quatrième fils, Hamza, a été incarcéré plusieurs fois en détention provisoire. Lorsqu’il revient à la maison après six mois d’absence, l’émotion est forte.

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Samira et son mari montrent les photos de leurs fils emprisonnés © Nora Schweitzer

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Hamza, le fils de Samira, est de retour après six mois de détention administrative © Nora Schweitzer 

Mohannad Abdeen

Mohannad Abdeen habite avec sa femme et leurs 5 enfants dans le quartier palestinien de Beit Hanina à Jérusalem-est, la partie de la ville occupée et annexée par Israël. En 2008, leur maison a été détruite par les autorités israéliennes qui leur réclamaient un permis de construire. Après la destruction, la famille n’a nulle part où aller et Mohannad refuse d’abandonner son terrain. Déterminé à résister, il décide de reconstruire une maison sur les ruines de la première, avec le risque d’une nouvelle destruction.

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Mohannad a reconstruit une maison sur les ruines de la première © Nora Schweitzer

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Les enfants de Mohannad jouent devant leur maison en tôle © Nora Schweitzer 

Omar Hajajlah

Omar Hajajlah est un paysan du village d’Al Walajeh, situé à quelques kilomètres au sud de Jérusalem. Il vit avec sa femme et ses quatre enfants dans une modeste maison entourée d’arbres fruitiers. De 2009 à 2013, Omar a mené un combat acharné contre les autorités israéliennes qui prévoyaient de détruire sa maison et de confisquer ses terres afin d’y faire passer le mur de séparation. Refusant des sommes d’argent exorbitantes, enchaînant les audiences au tribunal, Omar est parvenu à rester sur ses terres jusqu’au bout. Au prix d’une lourde concession : une fois construit, le mur encerclera sa propriété et le coupera de son village. Un impressionnant tunnel sera son unique porte de sortie vers l’extérieur.

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Omar et son fils à l’entrée de « leur tunnel » © Nora Schweitzer 

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Omar ne souhaite qu’une chose : rester sur ses terres avec ses enfants © Nora Schweitzer